AGNAN KROICHVILI


Agnan KROICHVILI est né à Chalon-sur-Saône le 26 septembre 1961
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Une fois passées les salutations d’usage, Agnan Kroichvili vous happe dans son univers. La première chose qui frappe, c’est a fébrilité de l’artiste, son impatience à vouloir tout expliquer, tout de suite. On a grimpé deux étages pour se rendre dans un minuscule atelier perchoir éloigné de la furie des hommes. Là, présentation de la technique élaborée par Agnan, 39 ans. Après avoir été archéologue, puis confronté au doute pondant quelques années, la peinture l’ai finalement rattrapé il n’a pu s’y soustraire plus longtemps.

La technique, finalement, importe peu, tellement la vie de l’oeuvre prend le dessus, Mais quand même : le peintre utilise des traces. Celles de rouleaux de peintre en bâtiment, des traces de ficelle trempées dans de la peinture, des traces de papier chiffon imbibées dans de l’encre de Chine, étalées sur du Papier kraft, puis lavées... Ce qui résiste au lavage, alors Kroichvili l’utilisera pour en taire émerger ses visions, son œuvre. Il voit principalement des visages, des personnages. C’est le brassage des peintures qui fait naître des visions », dit il, Des visages apparaissent, je rends visible ce que mes yeux voient. Les formes naissent d’elles-mêmes je me contente de les accompagner. »


Des apparitions différentes au fur et à mesure des années qui passent, mais tellement semblables, 10 ans déjà consacrés à la peinture ! La peinture, seulement ? Une quête, plutôt. Mais laquelle? L’homme parle vite. Il lui faut tout montrer. Sortie de l’atelier. On descend un étage on entre dans un appartement, une longue galerie claire sert d’annexe à l’atelier. Partout, des tableaux, des piles de papier, de documents, des classeurs rangés, une petite table. Tous ses tableaux, le peintre les a consignés dans un art-book que l’on consulte à toute vitesse. L’artiste essaie d’étayer ses explications, saute des pages, revient en arrière, se retourne, cherche autre chose, sans succès, tente d’extraire une toile d’une vingtaine d’autres posées le long d’un mur, le rang menace de s’écrouler, il renonce. Puis si. Nouvelle tentative, acrobaties, voilà l’oeuvre dont il parle. Le cerveau peine à enregistrer toutes les données. Agnan Kroichvili est le créateur et le narrateur d’une oeuvre considérable : des centaines de tableaux, des recherches innombrables, toutes consignées, des tableaux détruits mais soigneusement conservés dans des « paquets d’art » (présentés à l’exposition) dont les morceaux sont réutilisés dans d’autres œuvres... Tout est consigné, classé, rangé.


« Mon terrain de fouille, c’est la peinture, avoue-t-il. « Je suis archéologue de ma propre oeuvre, au fur et à mesure de ma création». On le croit sans peine le regard éberlué du soin pris à tout conserver, Comme pour se préparer à cette recherche analytique immédiate sur ce qui vient d’être créé. Car Agnan Kroichvili, au contraire de beaucoup d’autres artistes; est capable d’expliquer son oeuvre dans les moindres détails. Tout est pensé, décortiqué, aucun geste, bien que né d’une réelle inspiration, n’est ensuite relié au hasard, Tout s’explique donc? Probablement non, mais tout tourne autour d’une même obsession. Celle des origines, et de l’empreinte que l’on laisse après soi. D’où l’utilisation d’une forme de calligraphie, celle de ce qu’il appelle la contre-écriture : des signes impossibles à déchiffrer puisqu’ils sortent tout droit de l’imagination de l’auteur. « Pendant un an, jour après jour, j’ai écrit les pages d’un livre de contre-écriture (présenté à l’ex position de l’Ecomusée de la Bresse bourguignonne), désormais inachevé », avoue l’artiste. Des signes qui se retrouvent dans bon nombre de ses tableaux. En évoquant ses lointaines origines géorgiennes son grand-père,- Galaktion Kroichvili, est arrivé en France au début du siècle, installé comme tailleur à Châlon-sur-Saône — Agnan évoque une recherche constante de sa filiation. Est-il allé or, Georgie? « Non, mais on a retrouvé de la famille là-bas ». Et de sortir, comme le prestidigitateur le lapin de son chapeau, une sacoche contenant des documents en géorgien. « J’ai essayé d’apprendre le géorgien, poursuit-il, un alphabet qui ne ressemble pas du tout à l’alphabet russe. La langue géorgienne n’a rien à voir avec le russe ». La ressemblance entre les signes du livre de contre-écriture — pourtant écrits antérieurement — et l’écriture géorgienne, est frappante. Comme on pourrait faire un pont entre l’oeuvre et une sorte d’inspiration slave, bien qu’Agnan Kroichvili s’en défende. L’utilisation du procédé du triptyque, la succession récurrente de personnages et de visages féminins aux silhouettes d’apôtres ce que lui appelle « les hommes- cierges » ,la présence de voûtes semblant émerger d’anciennes églises, le tout baignant dans un univers énigmatique. Hasard ?

Les idées du peintre s’entre choquent On sent que les mots ne peuvent pas se prononcer aussi vite que sa pensée le voudrait. Tellement de choses à dire, pour tenter de comprendre d’expliquer ce qui finalement ne s’ex plique pas. La quête de soi est tellement personnelle. On se contente d’effleurer l’indicible de soulever un voile sur une oeuvre d’une richesse exceptionnelle nourrie d’un imaginaire qui puise sa source… aux origines, qui restent encore un mystère pour lui-même, de l’artiste, Tellement de choses à dire en si peu de temps, celui d’une rencontre pour tenter, une fois de plus, de conserver une trace. La preuve d’avoir existé, un instant, pour l’éternité.

Agnès LAROSE

Référencé Artprice 

Expositions :
Galerie Elsa Lorente
du 16 février 2007 au 23 mars 2007


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