Il existe une artiste qui séjourne, au calme, près
de la place de la Bastille, toujours vêtue de noir, le
pinceau entre l'ombre et le ciel.
Patricia Erbelding ne choisit guère la couleur,
celle qui envahit les murs d'ici, frénétique,
celle
qui fouille les yeux trop fort. Dans un espace
agencé en forme de carré, je suis allé
la rencontrer
récemment.
Refusant les excès, elle compte ses
gestes tel le lissier la laine.
L'artiste passe un long temps devant la toile tendue,
sur un châssis de bois, enclouée, rencontre
par la suite. A l'inverse des autres, elle ne craint
pas le blanc qu'elle utilise sans cesse. Elle l'invite
à demeurer au silence avant de déployer toutes
ses nuances.
Certes la toile essaie de crier, mais en dedans.
Qu'importe si derrière les doigts du peintre la
ville gronde, geint, se désespère
de n'être souvent que spectacles
inter changés, cette artiste peint la
multiple blancheur, d'abord celle des astres, du
désert, des gazelles qui ont cessé les grands
bonds. Puis viennent quelques traces resurgies
brûlées de la nuit des temps, ocre et fauve
ensemble.
Un être très rapide pourrait penser
que les tableaux de Patricia Erbelding
refusent de s'offrir.
Erreur. Dans le tréfonds, affleure une
étendue liquide,
tombée pour le pinceau, de l'épaisseur des
gouttes de rosée, fébrile quand on se hisse de ce
côté. Pareilles au bambou, brun une fois qu'il est
mort, l'artiste dans son silence trace ainsi des
lignes étroites en guise d'épaule, en guise de
genou. Pour le regard attentif cette chair fut
intense et, désormais sans l'ombre, son
détachement déroute,
fascine. La toile lente commence comme
face à l'incendie une forêt s'affirme
immense…
Quel piège réside ici que le
peintre devine ? La nuit est survenue
pendant notre entretien, affrontant les
toiles blanches de Patricia Erbelding. J'ai
quitté l'endroit rare en laissant sur ces murs vibrer
une lumière. Il s'y mêle un secret.
Pierre Marc
Levergeois
Paris, décembre 1997
Galerie Elsa Lorente, “L'état des
métamorphoses“,
Le Blanc autour manifeste l'idée de transparence
originelle, une couleur qui date aussi de 2003 (thématique
de
l'immatériel, du présent/absent), avec une
série de peinture blanches,
point de départ d'un poème de Rainer Maria Rilke.
La rouille qui
appelle la double idée de destruction et de
création/survie, une
matière qui garde un volume et qui traverse le support.
La cire
enfin qui recouvre tous les tableaux comme une peau dans sa
fraîcheur
de vie : métamorphose et protection, accéder
à une forme de
conservation qui renforce l'intemporalité.
Expose du 8 décembre 2006 au 8 février 2007
à la Galerie
Elsa Lorente
Vous
êtes artiste, webmaster, passioné,
collectionneur...
vous voulez participer à ce projet
contactez moi !
@gumicart 2006